lundi 14 mai 2007

De l'inversion des "traditions"

Traditionnellement, et l'histoire vous le dira, les "classes populaires" votent à gauche, voire à l'extrême gauche ou l'extrême droite. Certainement plus aux extrêmes que les autres "classes". Le fait marquant de cette dernière élection présidentielle est que Nicolas Sarkozy a su s'attribuer une majorité des votes de ces mêmes classes: ouvriers, salariés au SMIC, etc... La leçon à tirer est que le monopole de ces voix n'appartient plus à quelque parti que ce soit. Ces électeurs prouvent ainsi qu'un ouvrier n'est pas nécessairement de gauche, et que ceux que soutient en priorité la gauche plurielle, c'est à dire les plus petits, ne soutiennent pas obstinément cette dernière, et les valeurs de solidarité qu'elle incarne. Pour aller plus loin, qu'est ce que ce revirement peut-il signifier? Nicolas Sarkozy l'a dit clairement "travailler plus, pour gagner plus", et ces "classes" ont montré ainsi leur désir de travailler plus, et non de "travailler moins pour gagner plus" (d'après M.Besançenot), comme le martèle la LCR par exemple (32 heures). (A mon avis, c'est plutôt travailler moins, certes, mais ne plus rien gagner du tout et d'après ma professeur de philosophie, démontant rapidement le slogan du bonhomme: "Nos vies valent plus que leurs profits" en assénant: "Sans profits, il n'y a pas de vie").

Il nous faut ajouter que les "petits" ne croient plus aux messages du PS, qui avait pourtant décidé d'augmenter brusquement le SMIC pour qu'il culmine à 1500 €: l'occasion, pourtant, leur a été donné de choisir entre la soi-disant facile et rapide augmentation de leurs salaires, alors que cette mesure semblait se diriger directement vers leurs intérêts, et la possibilité de travailler plus, de libéraliser la valeur travail qu'a proposé Sarkozy. A vous de vous faire votre opinion au sujet de ce revirement.

jeudi 10 mai 2007

De la commémoration à la repentance.

Sarkozy a dit: "en finir avec la repentance, qui est une forme de haine de soi"
Les médias disent: "en commémorant l'abolition de l'esclavage, il se dément."
Le FN appelle l'évènement: "une cérémonie de repentance"

Que d'anneries... Sarkozy commémore l'esclavage, il n'est pas pour autant en train de se flageller à ce que je sache?
Il y a une grande différence entre accepter le passé, ne pas l'oublier, s'en servir pour aller de l'avant, et se repentir. Encore une fausse polémique. Que cherchent à faire les médias en adoptant ce genre d'interprétation manichéenne?

lundi 7 mai 2007

Question d'héritage.

Je ne connais pas dans le détail l'impôt sur les droits de succesions, et la taxation qui va avec. Tout ce que je sais, c'est que cette loi, dans son principe, vise à "emprunter" plutôt l'argent du propriétaire, qui a généralement plus d'argent que le non propriétaire. Dans le principe, il est logique d'imposer plus au riche, en pourcentage, qu'au pauvre. Ceci, je l'admets. Dans la manière, cela semble une bonne méthode: cela cible facilement la richesse mais avant tout, cela se base sur un principe d'égalité. En effet, celui qui recevrait l'héritage de son père dés son entrée dans la vie active, aurait un avantage certain sur les autres, principe contraire à notre société, qui est de ne pas avantager plus l'un que l'autre. De plus, un homme qui meurt n'a plus besoin de ce qui lui a appartenu, il n'a donc pas besoin de conserver son partimoine, tout comme son descendant n'a pas besoin d'un patrimoine pour débuter dans la vie, alors, cet argent qui disparaît au profit de l'Etat, nous pourrions croire qu'il est emprunté au moment idéal. Mais, réfléchissons au fond, à la conséquence humaine que ce "droit" implique et posons-nous la très simple question suivante: pourquoi un homme, qui a travaillé toute sa vie, qui est parvenu à fonder un patrimoine, une famille, une richesse, un homme qui a travaillé pour lui, mais aussi pour les siens, devrait-il, pour le principe d'égalité, renoncer à léguer cet héritage dans son intégralité, son labeur, aux êtres qui lui sont les plus chers? Car malgré tout ce que l'on peut dire, léguer une demi maison, c'est impossible, et en bien des cas, cette loi détruit tout l'héritage qui aurait pu exister. Cet impôt sur les droits de succesion n'est pour cela et simplement cela qu'ingrat, arbitraire et n'a simplement pas lieu d'être. C'est un impôt injuste à l'endroit de ceux qui ont réellement fondé leur patrimoine et souhaitent en faire profiter les leurs, qui font eux même finalement, partie de leur patrimoine. J'attends vos réactions, critiques et arguments. Je me trompe certainement sur le détail, mais dans le fond je crois citer des arguments qui existent.

dimanche 6 mai 2007

De l'importance de s'engager.

Certains diront: "Ô, moi tu sais la politique...", ou même "Je n'ai pas d'avis, qui que ce soit, (le président, le maire, le député,etc...) cela n'a pas d'importance" et ils se tromperont. Car finalement, par la politique, c'est bien leur avenir qui est mis en jeu.


Vous me direz, on peut ne plus croire en la politique, et s'engager différemment, mais celui qui ne s'engage pas, c'est incontestablement quelqu'un qui ne se soucie ni de son destin, ni de celui des autres, ou qu'il ne connait pas le pouvoir que peut avoir la politique. Car la politique a un réel pouvoir, quand ce n'est pas dans le plan direct et pragmatique de l'application des directives et des lois, c'est aussi sur le plan de l'émancipation de chaque personne, de l'espoir qu'elle créée. La politique c'est une foi, une religion, qui donne à chacun la possibilité de détenir son destin entre ses mains.

Certes un président, mais aussi un démantelement

53 % voilà le score que tout le monde a vu s'afficher à 20 heures précises sur les écrans, dans la tension pour certains, l'impatience pour d'autres et même l'espoir, puis une fois affichés, on peut imaginer les divers sentiments qui s'en sont suivis: déception, réjouissance, effondrement, jubilation, ou pour quelques uns, constatation de ce qui se disait déjà depuis quelques temps.
Nous sommes sûrs et certains que Nicolas Sarkozy est président de la République, mais on le savait presque déjà depuis le départ. Passons sur cela.


Ce qui a le plus retenu mon attention ce soir, ce n'est pas tant les résultats déjà connu, les parlotes des journalistes ou les discours des candidats, somme toute très classiques et prévisibles, mais c'est plutôt la démonstration majestueuse des divisions qui existent dans le parti socialiste dés qu'il ne s'agit plus de gagner. J'ai vu, sur TF1, M.Strauss khan, éminent social-démocrate, que je respecte plus que n'importe quel autre socialiste, oser dire ce qu'il pensait vraiment de son parti, de sa façon de fonctionner. Certes il aurait plus le dire plus tôt, mais il aurait été éjecté du groupe, et aurait été hué comme mauvais perdant des primaires. Alors pour cela, pardonnons-le. Mais, ce qu'il a osé faire, c'est critiquer le parti socialiste archaïque qu'à la France actuellement, bien que Ségolène ait fait quelques efforts pour aller ratisser au centre, la gauche française est bien plus démodée que les autres gauches européennes, et elle se doit d'évoluer, dans le sens que donnent Kouchner ou Strauss Khan, vers la mesure, la modération, vers la social-démocratie tout simplement. Voilà ce qu'attendent tous les jeunes socialistes, je crois. Et nous avons vu Lang répondre à Strauss Khan "je ne peux pas laisser dire cela". Comme quoi, il y a deux partis socialistes, celui qui veut évoluer, et celui qui refuse de voir ses échecs du passé.

Vers un tripartisme?

En politique Française, on peut dire grossièrement que l'on est de gauche ou droite, que l'on a une vision plus sociale ou plus libérale des choses. Ces habitudes risquent toutefois d'être bouleversées lors des prochaines législatives. En effet, la france n'a jamais connu de vrai parti du centre, et le MD incarné par François Bayrou a su se démarquer des clivages classiques gauche-droite. Alors, les français auront-ils demain, un troisième choix véritablement utile?

Bayrou a été très malin durant cette campagne. Il a réussi à imposer un vrai parti du centre, qu'il a rebaptisé Mouvement Démocrate. L'enjeu majeur de ce parti est d'obtenir un nombre de siège significatif au parlement pour que son parti et ses députés puissent renverser la balance à tout moment, en se mettant du côté droit ou gauche de l'assemblée à leur guise. L'enjeu est de taille, car si 1/3 des députés appartiennent à ce parti après les législatives, alors il auront tous les pouvoirs:
la gauche et la droite étant généralement opposées par 50 contre 50, ils auront la possibilité de se mettre dans un camp ou dans l'autre, de dire oui ou non, et toutes les lois passeront par leur accord, ou leur refus. Admettons qu'il y ait sur 100 sièges, 33 membres du PS, 33 du MD et 33 de l'UMP. Dans ce cas, la balance gauche-droite ne sera plus équilibrée comme elle a pu l'être jusqu'à présent, et il suffira que le MD soutiennent l'un des deux partis sur un projet pour qu'il ait la majorité. Ainsi l'avenir politique français risque de se jouer, non pas aux élections présidentielles -bien que- mais lors des législatives! Encore faudrait-il que Bayrou présente de nouvelles têtes dans chaque région, et pas d'anciens UDF visqueux et viscéraux, et que les Français fondent leurs espoirs sur ce nouveau parti. Mais, parce qu'il y'a un mais, tout ceci n'est que théorique, et rappelons nous que dans la pratique, l'UDF se disant du centre passa son temps à s'abstenir lorsqu'il eût la possibilité de renverser la donne.


J’imagine déjà le MD arbitrant les confrontations gauche-droite. Peut-être n'est-ce qu'une illusion?

Le 49-3 mérite-t-il d'être supprimé?

L'article 49.3, dit d' « engagement de responsabilité », permet au gouvernement de faire passer le texte qu'il présente, sans vote, ce à quoi peut s'opposer l'assemblée en déposant une motion de censure contre le gouvernement, qui, si elle est votée, le renverse (article 49-2). L'article 49-3 a été crée pour assurer la stabilité d'un gouvernement. Voyons cela plus précisément.


Sa dernière utilisation par un gouvernement remonte à la crise du CPE, sous le gouvernement de Dominique De Villepin. Cette loi du CPE, comprise dans l'ensemble plus vaste du projet de loi pour l'égalité des chances, fut votée par l'assemblée durant la nuit, procédure autorisée, mais néanmoins très contestée par l'opposition. En réaction, le lendemain, plusieurs centaines d'amendements furent déposés et le gouvernement n'eût d'autres recours que de faire passer le projet via l'utilisation de cet article.

Que faut-il penser du 49-3?

Il est quasiment certain qu'une personne apprenant l'existence de cet article le trouvera contraire au fonctionnement de la république française, qui donne le pouvoir de légiférer au parlement. En effet, l'utiliser c'est retirer en grande partie le pouvoir du parlement. Mais pas tout son pouvoir, il reste la motion de censure. Ainsi, si l'on comprend bien, le gouvernement utilise cet article quand il sait qu'il a la majorité, mais qu'il ne veut pas passer par les procédures très longues du parlement. Car, ayant la majorité, qu'il utilise le 49-3 ou non, cela ne change que le temps nécessaire à l'instauration d'une loi, et ne l'ayant pas, le parlement a le pouvoir de renverser le gouvernement. Alors pourquoi le contester? La motion de censure n'est-elle là que pour la forme, car quel gouvernement irait utiliser le 49-3 s'il n'était pas sûr de sa majorité? Le dernier exemple de l'aboutissement d'une motion de censure date d'octobre 1962, le gouvernement de Georges Pompidou avait été renversé, lequel fut reconduit aussitôt avec une nouvelle majorité.

En fait, tout repose sur la "question de confiance", expliquons: Si le président de la République a été élu c'est qu'il a la confiance des électeurs, et donc que son choix de gouvernement est conforme à la volonté du peuple, mais aussi bien évidemment à la volonté du parlement, car la présence à l'Assemblée nationale d'une majorité hostile conduit le président de la République à nommer un gouvernement issu de cette majorité: à partir de cela, il semble logique que le gouvernement puisse agir selon sa volonté puisqu'il a la confiance du chef de l'État et celle du peuple. Ainsi le seul but de cet article est, comme l'a dit De Gaulle: "Qu'il existe un gouvernement qui soit fait pour gouverner, à qui on en laisse le temps et la possibilité."

En bref l'article permet au gouvernement d'une part de contraindre sa majorité si elle se montre réticente sur un texte, d'autre part d'accélérer la procédure législative, et notamment de mettre fin à une éventuelle obstruction de l'opposition.

Il ne faut pas le retirer si on veut voir les gouvernements réformer.